Iconographie, photographie et histoire des animaux domestiques et de leur terroir
- le Mouton d'Ouessant nous restitue l'image du format de plus de la moitié du troupeau ovin français au XVIIIe siècle;- le Mouton des Landes est avec le précédent et, dans une moindre mesure, le Solognot, le dernier témoin du peuplement ovin autochtone de la France septentrionale. Les autres populations ont été peu à peu effacées par les croisements effectués avec le Mérinos, puis les races anglaises, dont sont issues d'autres races;- le Mouton de Belle-Île nous donne une idée de ce qu'était la population ovine de l'Ouest après les croisements avec le Flandrin et avant la venue des races anglaises. Les effectifs de l'Ouessantin sont de plusieurs milliers de têtes (y compris un cheptel important aux Pays-Bas). Ceux du Landes de Bretagne ont été multipliés par dix en quinze ans et se situent autour de 700 brebis. Le Belle-Île ne compte que 150 brebis. Il faut dire que ce dernier, prolifique (2 à 4 agneaux par portée), demande en période d'agnelage des soins que peu de personnes intéressées par la sauvegarde des races locales acceptent de consentir. Il est difficile de connaître la situation actuelle exacte du Bleu du Maine, mais il est certain qu'elle s'est beaucoup dégradée. Les effectifs ne dépassent sans doute pas quelques milliers d'animaux (certains parlent de 1 500 brebis), alors que ce fut l'une des races emblématiques de l'élevage français et qu'elle est connue et présente à l'étranger.
Les caprins
La chèvre, cette «vache du pauvre», était autrefois présente partout. Elle a partagé avec l'âne la particularité d'être méprisée, ce qui a dissuadé les éleveurs, au XIXe siècle, de définir des standards, d'ouvrir des livres généalogiques et de faire naître officiellement des races. La «revanche» arriva un siècle plus tard : on retrouve aujourd'hui des populations considérées comme disparues et l'on en identifie de nouvelles, qui pourraient donner naissance à des races standardisées...
Dans l'Ouest de la France était toutefois née une race de chèvres étroitement associée aux fromages des Deux-Sèvres : la Poitevine. La valeur fromagère de son lait était excellente mais sa plus faible productivité et son poil long, qui posait problème lors de la traite dans les grands élevages, lui ont fortement porté préjudice. Elle est aujourd'hui en sauvegarde, avec toutefois quelques «frémissements» positifs. La Chèvre commune de l'Ouest, dite Chèvre des Fossés, a été identifiée il y a une quinzaine d'années par Laurent Avon, de l'Institut de l'élevage.
Comme la plupart des chèvres communes françaises, elle est à poil long ou mi-long, de toutes les couleurs; n'ayant pas été sélectionnée, elle est difficile à valoriser dans un contexte laitier-fromager, mais quelques particuliers se posent la question. Elle est, par contre, susceptible de donner d'excellents chevreaux de boucherie, et nous rappelle que dans le monde la chèvre est surtout connue comme productrice de viande. Néanmoins, elle demeure avant tout, pour le moment, une «tondeuse de pelouses» ou une «débroussailleuse». Comme le Mouton des Landes de Bretagne, la Chèvre des Fossés bénéficie aujourd'hui d'un attachement identitaire et ses effectifs officiels, de l'ordre de 200 femelles adultes, sont en augmentation. L'Écomusée du Pays de Rennes joue un rôle pilote dans sa gestion mais elle n'est pas seulement bretonne: elle est aussi normande et ligérienne. >>