Iconographie, photographie et histoire des animaux domestiques et de leur terroir
(...) Après quelques minutes de galop, les bêtes sont déjà rassemblées, puis guidées par les gardians et leurs chevaux jusqu'au clos de tri. Les frères Mailhan observent attentivement, ils font courir les bêtes dans tous les sens, provoquent leurs coups de rein, et au final ils optent pour un jeune taureau «méchant à souhait», aussitôt chargé dans un camion.
"Les taureaux regagnent la pâture à vive allure"
Tandis que le reste du troupeau regagne la pâture à vive allure, le cocardier sélectionné prend la route des arènes de Montfrin où, pour l'une des premières courses de l'année, l'attend un public d'écoliers surexcités. Lui ne reviendra sur ses terres que le soir venu, après la course. En espérant qu'il aura fièrement représenté la manade Mailhan.
La rusticité en héritage. Pour obtenir des animaux de caractère, les éleveurs de la région s'en remettent notamment à l'environnement - «Les terrains pauvres sont utiles aux cocardiers», prétend-on en Camargue. Parfois même, quelques semaines avant la course, les manadiers laissent les animaux sur des parcelles très pauvres afin que ces derniers perdent du poids.
Sans nul doute, les pâturages salés, tantôt arides tantôt submergés, où ne pousse qu'une pauvre végétation halophyte composée de bouquets de saladelles ou de salicornes, ont façonné des animaux d'une rusticité exemplaire. Les taureaux Camarguais seraient-ils aussi vifs, «aussi méchants» s'ils vivaient dans une paisible pâture de Normandie ? Ou si les éleveurs les maniaient quotidiennement ? (...) >>