La Galerie

Troupeau de brebis dans la baie de Somme

Baie de Somme, entre Saint-Valéry et Le Crotoy. Un matin de juillet, le troupeau de moutons mené par Roland Moitrel traverse à la nage un large courant pour rejoindre une zone de pâturage...
La transhumance n'est pas l'apanage des régions de montagne. Dans la baie de Somme, dès le début du printemps, les éleveurs de moutons mènent les bêtes sur les mollières, ces prairies maritimes submergées au gré des marées.
De mars à novembre, les Boulonnais, Suffolks, Vendéens, Roussins et autres Hampshires évoluent alors sur ces terres sableuses et salines, ils se nourrissent d'obiones, d'armoises maritimes, d'oreilles de cochon, de puccinellia... autant d'espèces végétales marines qui confèrent un goût si particulier à la viande.
Dans la baie, trois bergers sont en charge de la surveillance des troupeaux. Avec leurs chiens, ils guident les moutons vers de nouvelles pâtures, leur font traverser des courants ou les emmènent vers des zones de repli lorsque les coefficients des marées s'élèvent.

Le fragile équilibre écologique de la baie

Depuis 2006, les agneaux de prés-salés élevés dans la baie de Somme bénéficient d'une Appellation d'origine contrôlée, à condition notamment que ces derniers pâturent un minimum de 75 jours en baie, et que la période passée en pâturage soit toujours supérieure à celle passée en bergerie.
Pour les éleveurs locaux, la création récente de cette AOC est une juste récompense. Depuis plusieurs années, ils se battent pour faire vivre l'élevage ovin dans un milieu particulièrement difficile - la plupart d'entre eux sont des pluriactifs - et l'obtention d'un signe officiel de qualité leur permet de compenser certains handicaps comme une faible prolificité ou une croissance relativement lente des animaux.
L'AOC récompense également leurs actions en faveur d'un milieu humide fragile qui sans le pâturage perdrait une grande partie de sa biodiversité végétale.
«Les moutons sont les garants de l'équilibre écologique de la baie», dit-on dans la Somme. Or, sans AOC, le mouton risquait de disparaître... et avec lui les armoises, obiones et autres puccinellia.

Quelques chiffres...
Plus de 3 600 brebis pâturent chaque année sur 1 200 hectares de mollières.
2 000 agneaux sont commercialisés, uniquement de juillet à février.
Chaque année, le dernier dimanche de septembre, Le Crotoy fête la transhumance.